Le plus long fleuve de France offre un intérêt touristique certain pour les régions qu’il traverse. La « Loire à vélo » attire chaque année plus de 800.000 cyclotouristes.
Un fleuve de 1.006 km qui, souvent, coupe la France en deux sur les cartes météo : nord Loire/sud Loire… Un fleuve qui inspire aussi bon nombre de poètes et écrivains. La Loire est ainsi frondeuse dans la voix de Serge Reggiani car « un jour elle en a eu marre d’aller toujours vers l’océan, toujours dans le sens de l’histoire, toujours dans le sens du courant ».
Au patrimoine mondial de l’UnescoLa Loire est tout aussi indomptable sous la plume de Maurice Genevoix. « Je sais qu’elle a grandi dans la peine, qu’elle a frayé sa route, âprement, à travers de rudes contrées. […] Elle est restée la conquérante, la fantasque, la rivière aux menteuses langueurs, aux brusques et terribles colères. »
Du mont Gerbier-des-Joncs à Saint-Nazaire, la Loire, c’est 1.006 km de découvertes, de questions, de secrets. À bord de la Sterne de Cigales et Grillons, Bertrand Deshayes, 48 ans, marinier de Loire des temps modernes, longe les îles sur le fleuve qui coupe Orléans en deux. Habillé à l’ancienne, il aime à se souvenir des exploits de ses ancêtres, « gueux sur terre, seigneurs sur l’eau », alors que la risée « tabasse » ses voiles. « Les mariniers de Loire étaient surnommés les chie-dans-l’eau, par opposition aux culs-terreux. Ou encore les traîne-bâtons, par rapport à la bourde qui servait à diriger leur bateau », lance-t-il.
Un rassemblement de batellerie fluviale« Les bateaux étaient construits sans plans, grâce à la transmission orale. Et, aujourd’hui comme hier, les mariniers ne révèlent leurs “passes” sur la Loire, qui changent en permanence et sont repérées à chaque descente des eaux, qu’à ceux qui montrent patte blanche. »
Orléans accueille, tous les deux ans, en chaque année impaire, le Festival de Loire, le plus grand rassemblement de batellerie fluviale européen. L’espace d’une semaine, en septembre, hommage est rendu aux mariniers et à leurs bateaux, ces toues, gabares et fûtreaux qui font partie du paysage de Loire. Un paysage que les régions Centre et Pays de la Loire invitent également à découvrir à la force du mollet au travers du parcours « Loire à vélo ».
L’idée de cet itinéraire cyclable de 800 km longeant, sur ses deux tiers, le fleuve royal est née en 1995. 52 millions d’euros ont été nécessaires pour aménager les pistes. Cette véloroute a été inaugurée par section depuis 2005. Elle est aujourd’hui pleinement accessible sur les 800 km.
Plus qu’une vitrineLe parcours de la Loire à vélo traverse six départements : Cher, Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, dans la région Centre ; Maine-et-Loire et Loire-Atlantique dans les Pays de la Loire. Un vrai coup d’accélérateur pour le tourisme : 18,4 millions d’euros l’an passé en retombées économiques en plus des centaines d’emplois créés au fil des ans pour l’accueil (gîtes, location de vélo, etc).
Croisés à Orléans en tenue de cycliste, Gréta et José. « On a beaucoup traversé le Loiret mais c’est la première fois qu’on s’y arrête. » Ils ont opté pour des vacances sportives comme les Flamands de la famille Crombez. « Pour nos deux filles, Manon et Emma, c’est parfait. Les routes sont plates. C’est plus facile à vélo. »
Davantage qu’une simple vitrine, la Loire est devenue un vrai axe structurant pour une région Centre en quête d’identité. Encore plus depuis que le Val de Loire, de Briare, dans le Loiret, à Chalonnes, dans le Maine-et-Loire, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’organisation internationale a non seulement reconnu en 2000 le paysage culturel exceptionnel, comprenant des villes et villages historiques, de grands monuments architecturaux – dont les fameux châteaux – et les siècles d’interaction entre les populations et la Loire elle-même mais aussi les idéaux de la Renaissance et du siècle des Lumières… Dans cette fameuse Vallée des Rois, la petite reine est aujourd’hui sacrée.
Christine Broudic